Les équipements pour les non-voyants
D’après l’Association Aveugles de France, il y a en France 1,7 million de personnes atteintes de troubles de vision dont 207 000 aveugles. Les bibliothèques sonore ne se limitent pas qu’à ces publics mais s’adressent aussi aux handicapés moteurs n’étant pas en situation de lire ou ayant des difficultés à le faire. Toutefois, les malvoyants et non-voyants constituent une grande majorité de son public.
Si le handicap d’un malvoyant ou d’un non-voyant demeure relatif quand il évolue dans un environnement connu ou domestique qu’il peut aménager, les choses se compliquent grandement au moment d’accéder au monde du dehors ou même encore pour profiter de certaines technologies modernes. Fort heureusement, certaines avancées techniques y suppléent même si, ce n’est un mystère pour personne, de simples choses pourraient encore améliorer d’autant la condition des malvoyants, ou leur accessibilité à certaines sphères de la vie moderne.
Les technologies d’assistance
Parmi les moyens d’assistance permettant notamment de profiter des technologies modernes, on peut ranger les lecteurs d’écran. Il en existe de plusieurs sortes et ils sont désormais assez largement utilisées par les malvoyants ou non voyants. Un fort pourcentage d’entre eux possède en effet un ordinateur (portable ou de bureau) et un nombre un peu plus faible, un smartphone.
Ces technologies permettent de transcrire en braille ou même de manière vocale ce qui se trouvent sur l’écran et facilitent grandement l’accès au web, au courriel et à la masse de contenus offerte par internet. Concernant ce dernier point, il faut cependant relativiser puisque près de 90% des sites web, de par leur conception et leur manque de lisibilité, ne sont pas directement ou simplement accessibles aux publics non voyants.
Cinéma et télévision
Dans le domaine du cinéma et de la télévision, ces médias pêchent encore par le manque d’audio-description. Cette technologie permet à un non voyant doté d’un casque de mieux comprendre les contextes des scènes et ce qu’il se passe à l’écran. De nos jours, si le cinéma propose autour de 20% de films audio-décrits, la télévision est largement derrière avec moins de 5% des programmes bénéficiant de cette technologie. Un effort resterait donc à fournir du côté de ces médias pour les ouvrir un peu plus aux publics concernés.
Navigation et orientation dans la rue
Dans la rue, si les dispositifs permettant d’aider à l’orientation des non-voyants se sont améliorés : ajout de signals sonores sur certains feux rouges, annonces vocales dans certains transports en commun,… Il reste, là aussi, beaucoup à faire. On se souvient également qu’au début des années 2000, sous la pression des associations, certains fabricants de distributeurs bancaires avaient fini par adapter ces technologies au public non-voyant : dispositif de type braille sur les claviers, plus distributeurs sonores. A près de 15 ans de là, les Distributeurs automatiques sont encore loin d’être adaptés aux non-voyants et la question de la sécurité reste également posée, quand ces machines donnent directement sur la rue.
Les manques d’équipement ont souvent pour motivation, les moyens financiers, d’autres fois il s’agit d’un simple oubli. Les constructeurs n’intègrent pas cette dimension dans leur conception et pensent d’abord et avant tout au plus grand nombre. Il n’y a même pas de mauvaises intentions de leur part même si l’on comprend que cela puisse offusquer les associations qui sont confrontées, chaque jour, aux dures réalités de l’accessibilité. Quelquefois un détail sur un appareil peut tout changer, la preuve :
Un bel exemple d’initiative privée : des jeux de casinos pour les non voyants
Quand la dimension collective ne relaye pas les intérêts des non-voyants, l’initiative vient quelquefois de parties isolées qui peuvent être, elles-même sensibilisées à ces problématiques pour des raisons diverses. Pour exemple, depuis mars 2019, on trouve au Casino des Sables d’Olonne, un installation qui a de quoi en surprendre plus d’uns ! Qui aurait pu, en effet, penser qu’avec une simple équipement et un peu de bonne volonté, on pourrait donner l’accès à certaines jeux de casinos et notamment à des machines à sous, à des non-voyants ?
Cette belle innovation est le résultat d’une décision de couple. Elle fut prise peu après que le Directeur de l’établissement de jeu des Sables d’Olonne ait échangé avec son épouse sur l’accessibilité des handicapés au Casino. L’idée leur vient alors d’adapter une partie du parc des machines à sous aux non-voyants. Ni une, ni deux, en quelque temps, la chose est faite et l’installation opérationnelle.
C’est l’épouse de Emmanuel Friquet, le directeur du Casino, qui s’en est chargée avec des recherches sur internet, et une approche aussi artisanale que pragmatique. 100 euros ! C’est tout ce qu’il aura fallu pour rendre accessibles 25 bandits manchots à ce public très particulier. Il a suffit pour cela d’ajouter de petites tablettes écrites en braille sur les boutons. Il fallait y penser et le directeur du Casino, qui connait bien son secteur d’activités, affirme même qu’il n’a jamais vu cela dans aucun casino du monde. Cette initiative pourrait donc bien être inédite. Première mondiale ? Nous le prenons au mot. Espérons en tout cas que d’autres gérants de casinos suivront.
En suivant un article du journal 20 minutes sur ce même sujet , les premiers clients non-voyants à avoir testé la solution, se déclarent déjà conquis. Un peu de divertissement en plus pour eux et l’entrée dans la magie du casino par la grande porte, il aura simplement fallu un peu d’imagination et de conscience pour relever ce défi.
A quand des machines à sous pour non-voyants dans les casinos en ligne ?
Bien que la technologie semble adaptée dans les casinos réels, il faudra encore faire quelque progrès pour la porter dans le monde des casinos en ligne. La chose pourrait être grandement intéressante quand on connait l’engouement des joueurs pour cette formule qui permet de se tremper dans l’atmosphère et les jeux de casinos où que l’on se trouve, avec un simple ordinateur ou un téléphone connecté au web. Nul doute que quelques parties de machine à sous en ligne pourraient séduire une partie du public non-voyant qui pourrait bénéficier de ce nouveau mode de divertissement, dans le confort de leur salon et sans même avoir se rendre physiquement dans un casino pour cela.
D’un point de vue technique, avec la généralisation des écrans tactiles, la conception d’une surcouche logicielle (vocale et sonore) ne semble pas hors de portée quand on sait que de nombreux modèles de machines à sous proposent les mêmes fonctionnalités. Encore plus simple, on pourrait aussi adapter quelques jeux dès le départ pour les rendre compatible pour les technologies utilisées actuellement par les non-voyants et leur permettre ainsi de profiter des jeux de casino en ligne en toute liberté.
Si les éditeurs de l’iGaming ne semblent pas encore y avoir penser, lançons ici une bouteille à la mer. Entre les nombreuses sociétés de ce secteur, il y en aura peut-être une pour s’en saisir. En attendant, Bravo encore à l’initiative des tenants du Casino des Sables d’Olonne !